L’histoire du rhum, c’est l’histoire de la canne à sucre. Mais quand on parle de du rhum aux Antilles, il s’agit également de l’histoire des grandes conquêtes coloniales et des découvertes qui ont permis de répandre la canne à sucre aux Antilles. Née en Asie, des plants sauvages de saccharum officinarum (le nom savant de la canne cultivée) ont été en effet retrouvés en Nouvelle-Guinée. Comme elle constitue la seule source naturelle de sucre avec le miel, elle a été cultivée en Inde cisgangétique.
En effet, lorsque les colons français se sont installés aux Antilles, ils ont pris soin d’introduire des cultures d’exportation tel que le coton et le café pour se consacrer à l’agriculture. Mais c’est surtout Christophe Colomb, vers la fin du XVe siècle, qui emmène la canne à sucre originaire d’Asie aux Antilles, notamment en Haïti et St-Domingue. Mais si l’on croit le Père Labat, la canne existait bien avant et serait issue probablement des premiers plans d’Hispaniola.
On peut aller plus loin encore dans l’histoire de la canne à sucre. Un général d’Alexandre le Grand parle déjà d’un “roseau indien qui donne du miel”. À l’aube du XIVe siècle, la canne à sucre a déjà atteint les quatre coins du continent européen et elle est exploitée notamment en Espagne et au Portugal.
Les Français dressèrent aux Antilles des plantations réservées strictement à l’exploitation cannière. L’histoire du rhum peut alors commencer.
Vers la moitié du XVIIe siècle apparaissent les premières eaux-de-vie de canne sur l’une des colonies anglaises de l’époque qui n’est autre que l’île de la Barbade. Mais dans les colonies françaises, ce n’est qu’une trentaine d’années plus tard que l’on a la première description de la fabrication de l’alcool de canne. En 1694, le Père Labat perfectionne leurs procédés de production en inventant l’alambic et deviennent ainsi un remède médicinale. Grâce aux progrès techniques qui ont permis l’amélioration de la qualité des eaux-de-vie, les producteurs guadeloupéens peuvent désormais profiter largement de la production du rhum.
La production de rhum en Guadeloupe
L’aventure du rhum est plus complexe que l’on l’imagine. La Guadeloupe devient un des grands exportateurs du rhum dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle avec ses centaines de moulins tandis que 93% de sa production est consommée sur place. Baptisée “l’île à sucre”, la Guadeloupe est aussi connue pour son marché de la mélasse. En effet, il n’y a pas de rhum s’il n’y a pas de sucre. La production de la mélasse a donc été motivé par la volonté de faire la promotion de son propre rhum agricole, forcément meilleur.
À partir de la fin du XVIIIe siècle, les planteurs de la canne à sucre ont commencé à disparaître. En effet, la Révolution Française a engendré l’insurrection des esclaves dans la fameuse “terreur noire”. La production du rhum est alors perturbée. Néanmoins, ce bouleversement dans le cours de l’histoire ne l’a pas empêché de connaître son âge d’or, notamment quand la Martinique s’est imposée comme le premier producteur mondiale de cette eau-de-vie vers la fin du XIXe siècle.
Malheureusement, À Saint-Pierre, capitale économique et culturelle de la Martinique et grand exportateur de sucre et de rhum fabriqués dans ses usines, va connaître l’éruption volcanique la plus meurtrière du XXe siècle. Celle-ci s’est produite en 1902 sur la montagne de Pélée et a compromis considérablement le marché martiniquais du rhum. Cette catastrophe en profite à la Guadeloupe qui reprend le flambeau en produisant une année plus tard 58280 h de rhum.
Fabrication du rhum
Le rhum est produit à partir de la canne à sucre. La Martinique compte 3600 hectares alloués à sa culture.
La canne à sucre est une plante tropicale graminée, une herbe vivace rhizomateuse qui peut mesurer jusqu’à 6 mètres de haut et porte de nombreuses fleurs pendant sa floraison. Elle compte plusieurs variétés qui se présentent sous différentes couleurs : jaune, vertes, blanche ou pourpre.